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Bientot ou plus tard Deux mains, un clavier, les yeux ailleurs. Que savons nous, sinon que bientôt ou plus tard, la poésie vaincra.

LE 6ème PLAN

Kronsilds
Pierre se réveilla mais garda les yeux fermés. Quelque chose n'allait pas. Il était sur le dos et avait l'impression de peser une tonne. Il essaya de bouger sa main, mais ne réussit qu'avec difficulté. Il pensa alors qu'il était attaché. Ne sentant aucun lien autour de ses poignets, il se ravisa. Rien de ce qui arrivait à ses oreilles et à son nez ne pouvait le renseigner sur l'endroit où il se trouvait. C'était un mélange de souffles, de grincements, de bruits continus à la tonalité changeante et de fragances étourdissantes de variétés inconnues. Il ouvrit les yeux. Ce fut un choc. Il voyait des lumières moirées et mouvantes, comme s'il se trouvait sous l'eau, mais elles se reflétaient sur ce qu'il semblait être des arbres dont les feuilles étaient noires. La lumière venait de partout à la fois. Il se redressa sur les coudes pour regarder son corps. Après un effort douloureux, ce qu'il vit dépassa son entendement. Son corps était sombre mais diffusait une faible lueur rouge orangée qui pulsait au rythme de son coeur. A l'emplacement de celui-ci, la lueur était plus forte. Au moindre mouvement, sa robe lançait des flashs, à chaque respiration, ses poumons émettaient une lumière blanchâtre. Il n'était pas attaché, mais il lui fallait faire beaucoup d'efforts pour mouvoir ses membres. Il regarda autour de lui. Des feux de toutes les couleurs fusaient dans le ciel étrangement noir, mais il était seul. Il se leva difficilement.
    Il fit quelques pas puis buta sur quelque chose qu'il ne voyait pas. Dans sa chute, il cria et un flash, issus de sa bouche, embrasa la scène devant lui. Il vit alors une forêt de cauchemar avant de tomber lourdement sur le sol à une vitesse peu normale.

_*_
*

    Finalement, Pierre commençait à s'habituer à ce mode de vision. Après s'être maintes fois cogné contre les arbres, il prit l'habitude de chanter pour voir ce qu'il y avait devant lui. Il n'entendait pas le son de sa voix, mais sentait ses cordes vocales vibrer dans sa gorge. A chaque pas qu'il faisait, une lumière apparaissait sous ses pieds. Suivant la couleur de cette lumière et ce qu'il sentait sous ses sandales il devina, plus qu'il ne vit, qu'il suivait depuis peu une route pavée. Il arriva bientôt devant une étrange construction qui tournait lentement sur elle-même. Poussé par cette étrange crainte animale qui incite à se cacher devant l'inconnu, et pour ne pas être aperçu de l'édifice, Il quitta la route pour rejoindre l'orée de la forêt. A la vue d'une solide branche au sol, il se baissa pour la ramasser. Mais, bien qu'à ses pieds, elle semblait plus lointaine. Il se releva, puis réessaya mais par une curieuse illusion sa main ne pouvait l'atteindre. Il ne pouvait même pas toucher le sol. Il glissa alors sa main le long de sa jambe, jusqu'au pied, puis jusqu'au sol. Il poussa un soupir lumineux de soulagement en sentant sous ses doigts comme de l'herbe fraîche. Mais, en faisant glisser sa main sur le sol, il fut surpris, ébranlé, de constater qu'il l'avait à la hauteur du visage un peu comme s'il était dans le creux d'une toile élastique sur laquelle il marcherait. Puis il sentit la branche qu'il saisit fermement.
    Soudain, une lumière dans son dos et une vibration dans le sol le fit se retourner. Une masse sombre et énorme se dressait devant lui, d'aspect vaguement humain. Un grognement, le premier son sensé qu'il entendait, s'échappa d'un point indistinct de ce monstre, accompagné d'une étincelle, puis une voix métallique étrangement gutturale, toute aussi impossible à localiser, s'adressa à lui:
«Qui es-tu ?».
Pierre essaya de répondre mais le son était remplacé par de la lumière. Le monstre reprit:
«Je vois ! Tu viens d'un autre plan, sûrement le plan terrestre.»
Il s'approcha dangereusement du moinillon.
«Je vais te rétablir l'ordre des sens»
En même temps qu'il disait cela, il tendait le bras vers Pierre. Sur ses gardes, ce dernier brandi sa branche et comme le bras allait le toucher il frappa de toutes ses forces. Mais son gourdin improvisé rebondit mollement sur le corps du monstre qui se mit à rire. Quand son rire s'estompa, la voix reprit:
«Il te faut apprendre certains détails sur l'endroit où tu te trouves, jeune imprudent. Tu es ici dans le sixième plan et beaucoup de choses sont différentes. Laisse moi te toucher !»
Mais avant que Pierre ait pu faire un geste, le bras, la main, le doigt s'étaient déplié et, bien que le mouvement fut extrêmement rapide, il ne reçu aucun coup, mais juste un effleurement. Aussitôt, quelque chose claqua dans sa tête et sa vision fut troublée pendant quelques secondes. Il fut prit d'un violent vertige qui lui fit perdre l'équilibre puis sentit qu'on le rattrapait d'une main ferme et qu'on le soulevait de terre. Il s'abandonna alors à l'évanouissement.

_*_
*

C'est l'odeur d'un bon pain chaud qui réveilla Pierre. Il était dans un lit. Il faisait noir dans la pièce mais en entendant les oiseaux pousser leurs cris si joyeux, il pensa que tout cela n'avait été qu'un cauchemar de plus. Seulement il se rendit vite compte que ce n'était pas son lit. Ce qu'il sentait sous ses doigt ressemblait plus à de la soie qu'a sa couverture en laine brute. Il se mit en quête du briquet et du silex pour pouvoir allumer la lampe mais il n'y avait rien à coté de lui.
« Mais où suis -je donc ? Il n'y a pas de lumière ici ? S'écria-t-il. Au dernier mot qu'il venait de prononcer un éclairage sans flamme d'une incroyable luminosité se mit en marche et illumina la pièce. Pierre se leva d'un bond, s'attendant à voir surgir quelqu'un. Il n'y avait ni porte ni fenêtre, pas même le contour de l'une ou de l'autre. Le mur était lisse. Personne ne vint. La pièce, très grande, était vide. Il se retourna, une sorte de sixième sens l'avertissant d'un changement dans la pièce : il n'y avait plus de lit. Il chancela mais une chaise apparue sous lui si bien qu'il pu s'asseoir. Une table, qu'il n'avait pas vu avant, était devant lui avec du pain grillée et du bon lait frais. Pierre constata avec soulagement que la pièce n'était pas si grande que cela. Les murs semblaient plus proches. Il y avait même une fenêtre. Elle donnait sur un jardin magnifique. C'est quand il vit un arbre orange avec des fruits lumineux qu'il se rendit compte que tout ce qu'il voyait, il l'avait pensé l'instant d'avant. Tout disparu. Il venait de penser qu'il voulait sortir de cette pièce, de ce délire. Une porte se dessina, se découpa, puis une lumière de plus en plus intense, jusqu'à l'éblouir s'échappa de la porte, le réveillant pour de bon, puis il ouvrit les yeux. Un immense homme à la peau grise, avec un drôle de collier autour du cou, était en train de lui mettre un collier similaire, qui apparemment ne s'ajustait pas correctement. Pierre, se redressant, adressa la parole à l'étrange être, qui, voyant le jeune moine émerger du sommeil avait cessé de manipuler l'objet:
« Qui es-tu ?
- Je suis ton parrain et ton formateur, enfin, en quelque sorte !", s'écria-t-il sur un ton enjoué. «Quand on tombe pour la première fois dans le sixième plan, la pensée suprême affecte un gars comme moi pour aider un peu et comme tu es tombé ici et que c'est la première fois pour toi, je suis donc là pour t'aider un peu ! Tu t'appelle Pierre, moi c'est soleil, ou lune comme tu veux, je puis être n'importe quoi... ou n'importe qui...
-N'est-ce pas frère Pierre!" Ce n'était plus l'homme gris mais le Père Supérieur qui se trouvait devant Pierre, mais aussitôt celui se transforma en une petite fille que Pierre reconnu comme étant celle dont il était amoureux étant petit.
- Tu m'aimes Pierre, non ?"
- Hahaha !" riait l'homme bizarre en redevenant lui même.
- Tu dois bien avoir un nom !" s'exclama Pierre qui ne trouvait pas cela très amusant.
- Bien sur ! Appelle moi comme tu veux, le nom que tu choisira sera le mien".
- Soit !" répondit Pierre, puis après quelques secondes "je t'appellerai... Paul"
- Paul ! Formidable ! Va pour Paul ! Alors qu'est-ce qui t'amène parmi nous ?"
- Est-ce moi ?" La petite fille venait d'apparaître.
- Ou ne serait ce pas plutôt moi ?" Le Père Supérieur en apparaissant avait poussé la pauvre fille qui en tombant se dégonfla comme un ballon de baudruche en sifflant une marche funèbre, ce qui fit bien rire Paul, puisque depuis peu, c'est ainsi qu'il se nommait.
- C'est en suivant le P..." Commença Pierre, qui fut obligé de s'arrêter car un bâillon venait de se matérialiser devant sa bouche .
- Tais toi ! Tu veux qu'il vienne ! Surtout ne dis pas son nom !"
Le bâillon disparu aussi mystérieusement qu'il était apparu.
"Et puis de toute façon, je sais déjà tout puisque c'est toi qui m'a créé, si on peut dire cela comme ceci ! A moins que ce soit moi qui t'ai créé, oui! tout n'est qu'une question de point de vue n'est-ce pas ?"
- Euh...Ou..."
- tu as tout à fait raison ! Comme le disais toujours ma mère, ou ma grand mère je sais plus..."
A ce moment deux femmes grises, une jeune et une moins jeune, apparurent et, tournées vers l'être gris, dirent en coeur:
« Qui de nous deux t'aime le plus ? pour moi c'est moi mais pour toi c'est toi ! C'est une question de point de vue!"
Les deux femmes disparurent
dans un nuage de fumée, et Paul continua avec un grand sourire:
- Ah! Les braves femmes...", puis son sourire s'effaça, "Il va falloir que je t'apprenne les choses essentielles car tu n'as pas beaucoup de temps devant toi ! Quoique le temps ici ça ne signifie pas grand chose ! Mais je t'embrouille ! Excuse moi. Lève les mains paumes en l'air !"
Pierre s'exécuta, Alors Paul dans un grand rire, leva les siennes et frappa dans celles que tendait innocemment Pierre.
alors il s'écria:
- C'est parti !".
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Commentaires
S
Genial un conte! Je veux savoir la suite!C'est quoi ce plan? (si j'ose dire)Au fait: "disparurent" c'est pas mal aussi...
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K
Il faut que j'écrive la suite !Disparurent ? Je ne vois pas du tout de quoi vous voulez parler mademoiselle ! :)(Merci pour la correction, voila c'est fait !)
M
Kikou   ;-)Oui, l'écriture dans tous ses éclats.Bravo, je reviendrais... :-)))Bien à toi, excellent week-end.Amicalement...  :0059:
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M
bonjour et merci de ta visite
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P
beaucoup de choses à faire ce matin mais je repasserai pour lite ton article A+poteet
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A
Bienvenue dans la communauté "Les mots dans tous leurs états" !
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K
Merci de m'accueillir.